NOTE CONFIDENTIELLE DES RG

 

 

Le rapport de la direction centrale des Renseignements généraux daté du 17 décembre et titré « Hooliganisme, la violence supportériste » dresse en quatre pages le bilan, à la mi-saison, des championnats de France de D I et D II. « Stagnation du nombre d'incidents (NDLR : 92 incidents contre 84 les deux saisons précédentes), mais regain de la violence des supporters, notamment parisiens », constate sans détour le document, très détaillé et minutieusement réalisé, dans son introduction. Il révèle des données chiffrées édifiantes, concernant l'augmentation du nombre des blessés : 106, dont 30 membres des forces de l'ordre en 2001-2002, contre 69 en 2000-2001 et 96 en 1999-2000. L'essentiel des incidents (66) se sont déroulés en D I. Sous le sous-titre « Paris Saint-Germain : des hooligans xénophobes et organisés », le rapport des Renseignements généraux met en lumière le rôle décisif des hooligans du PSG. Morceaux choisis de la note confidentielle. « Les hooligans du PSG, à l'origine du tiers du total des incidents recensés (30 sur 92) et de la moitié des débordements enregistrés à l'occasion des matchs du Championnat de France de D I, fidèles à leur image de leader de la scène hooligane hexagonale, se sont révélés les plus radicaux. Le point culminant de la violence supportériste depuis le début de la saison a été atteint à l'occasion de la rencontre emblématique PSG - OM le 29 novembre. La haine historique que se vouent les pseudo-supporters des deux équipes s'est traduite à l'occasion de cette rencontre par une dizaine d'incidents, au cours desquels ont été dénombrés quarante-quatre blessés (dont quatre évacués et trois membres des forces de l'ordre), vingt-deux interpellations (dont dix gardés à vue), plusieurs dégradations de véhicules et de mobilier urbain, certains Franciliens n'hésitant pas à jeter des pierres sur les véhicules circulant sur le boulevard périphérique. »
« Une nébuleuse de sympathisants » « La scène hooligane parisienne présente depuis le début de la saison un renouvellement de ses éléments, plus jeunes et déterminés. Cette constatation, concernant également la tribune Auteuil, composée en majorité de jeunes issus des cités sensibles, s'applique de façon encore plus manifeste à la tribune Boulogne. Cette dernière, composée notamment de skinheads néonazis, a été remodelée après l'apparition, en début de saison, d'un groupe de fait, Layache Family, fort de cent à deux cents personnes, dont les cadres, tels F.B. et L.M., sont issus du noyau dur de la Casual Firm, et autour duquel gravite une nébuleuse de sympathisants, dont beaucoup n'ont jamais fréquenté le Parc des Princes et viennent uniquement pour se battre. Ce groupe cherche à s'étoffer et à s'affirmer en recrutant parmi les autres associations de supporters du Kop Boulogne, notamment les Gavroches ou les Boulogne Boys, suscitant des heurts violents entre supporters. » « Encadrés par d'anciens hooligans parisiens membres de groupes disparus tels les Commandos pirates de Paris, qui se sont illustrés par leur violence dans les années quatre-vingt-dix, ou par d'anciens interdits de stade, tel Y.M., ces délinquants se livrent à des violences parfaitement organisées suivant un nouveau mode opératoire. Alors que jusqu'alors les incidents concernaient de petits groupes de supporters mettant à profit leur mobilité pour venir harceler leurs homologues ou les forces de l'ordre qui s'interposaient, les hooligans parisiens organisent un rassemblement compact de plusieurs centaines de personnes, formant un front uni pour sciemment affronter les forces de l'ordre ou les contourner pour agresser les supporters adverses, avant de se disperser spontanément et se regrouper ailleurs. Ce mode opératoire s'apparente à celui employé par les hooligans allemands lors de la Coupe du monde en 1998, notamment lors des graves incidents survenus à Lens le 21 juin 1998. » « Les actions menées par les Parisiens, qui affrontent les forces de l'ordre notamment par des pluies de projectiles - parfois des barrières de protection -, démontrent une violence exacerbée et systématique.